Hub et plateforme à la fois, faites-place à la zone d'activités robomobile
Ce billet valorise les idées du sous-groupe "Robomobilité et activités en mouvement", qui s'est tenu lors du grand rendez-vous annuel de l'Atelier prospectif le 9 avril 2018. Ce sous-groupe a été animé par l'Institut pour la Ville en mouvement, dans le cadre d'un travail partenarial engagé en 2018, qui se poursuit.
Hub et plateforme à la fois, faites-place à la zone d'activités robomobile
Vers une ville en mouvement perpétuel
Le développement de la robomobilité contribue à prolonger la tendance historique d’un transport peu coûteux, ce qui en fait la véritable variable d’ajustement de nos organisations économiques et sociales, des chaînes industrielles et logistiques, de l’organisation des territoires. Avec un transport abondant, pourquoi s’en priver ? Tout comme on garde tout et n’importe quoi sur le cloud, dans nos disques durs, parce que le To de stockage ne coûte plus rien. Dans la vie robomobile, on devrait donc s’attendre à voir se développer des multiples formes d’activités en mouvement, résultant de la rencontre entre des technologies de mobilité connectée et autonome et des modes de vie, qui sont marqués par un état de mobilité quasi continue.
Cette vie en mouvement permanent se déploie dans une « ville en mouvement » perpétuel, traversée par des flux de personnes, d’objets, de machines, des déplacements de la faune et de la flore, des flux de chaleur, de particules, de matière ; les flux immatériels ou quasi immatériels transitent également par cette ville en mouvement, comme les capitaux, l’information, les maladies, voire les pandémies à l’échelle internationale.
La robomobilité, une pièce d'un grand puzzle urbain en recomposition
La robomobilité est une pièce – éventuellement maîtresse – de ce grand puzzle urbain, qui fait de la ville, à la fois un grand hub et une plateforme de services. Ce sont ces deux concepts-clé, qui ont été creusés, par une des expéditions du matin (travail en petits groupes), lors du premier grand rendez-vous annuel de l’Atelier prospectif, le 9 avril dernier.
Le concept de « hub robomobile » tout d’abord, en faisant converger en un même lieu, sur un temps donné, plusieurs équipements « robomotorisés » ou déplacés par des véhicules robomobiles. La particularité de ce hub robomobile est triple : mobile, temporaire et à géométrie variable. Cela lui permet de s’implanter et de desservir des espaces moins denses, comme le périurbain ou dans les centres-bourg des zones rurales. Dans l’urbain, ces hubs robomobiles donnent de la souplesse à l’aménagement en venant « combler un trou » dans le réseau en attendant de trouver une solution, apporter une réponse capacitaire pour des pics de fréquentation (grands événements par exemple) ou en proposant des lieux alternatifs dans une démarche d’expérimentation (on teste puis on évalue si ce « nouveau hub robomobile » correspond à des usages ou pas).
Ensuite, le concept de plateforme de services où l’on verrait donc, rassemblés au sein du hub robomobile, un panier de services « coeur » avec l’alimentation, la santé, la distribution de marchandises, le bien-être ; cette plateforme de services prendrait tout à la fois les fonctions de place de marché, de la maison de santé et de galerie commerciale. Sur ce « panier-coeur » peuvent se greffer d’autres modules de services : fabrication à partir d’imprimante 3D, activités culturelles et de loisirs, points d’information des usagers, lieux de formation, etc.
Ainsi, la robomobilité contribue à la ville en mouvement. Soit parce qu’elle « remet » des aménités et fonctions urbaines dans des espaces, qui en sont dépourvus ou qui sont progressivement abandonnés, pour cause de rationalisation des implantations géographiques de l’offre publique et privée, marchande et non marchande. Soit parce que la robomobilité modifie l’organisation des flux au sein de la ville, en créant de manière dynamique des centralités éphémères, redistribue spatialement les services et équipements, rend possible l’entrée sur le marché de nouveaux acteurs (plus besoin d’acheter du foncier en ville pour y proposer ses services).
Dès lors, la robomobilité, car elle redonnerait de la « mobilité économique et sociale » aux systèmes territoriaux, serait bien plus qu’une offre de transports supplémentaire, mais potentiellement un levier de transformation urbaine et de dynamisation des centralités périurbaines et rurales.