Que deviennent les « grands mobiles » dans la vie robomobile ?
Billet de blog à partir d’un regard croisé entre la recherche « jobmob » soutenue par le FVM et les réflexions autour de la robomobilité
A partir des résultats de la recherche « JobMob » et en particulier du volet qualitatif réalisé par le LASUR de l’Ecole polytechnique de Lausanne, le Forum Vies Mobiles a souhaité valoriser ces travaux dans cet ouvrage original, très pédagogique et éclairant, sur le mode de vie des « grands mobiles ».
Alors que la robomobilité énonce des promesses multiples et diverses, parfois contradictoires, souvent purement spéculatives, il semble essentiel de se questionner sur les apports potentiels de cette robomobilité pour les individus. Ce billet propose quelques pistes de réflexion, en rebondissant par rapport à certains éléments mis en lumière dans l’ouvrage tranches de vie mobile.
Pour en savoir plus sur la recherche « JobMob »

Le portrait-type de l’individu passant sa vie dans les transports renvoie souvent à l’imaginaire de l’homme d’affaires avec son attaché-case, son téléphone portable à l’oreille, jonglant entre les avions, les trains, les rendez-vous à la suite et les taxis. Si ce stéréotype existe, il est toutefois un cas très minoritaire par rapport au phénomène de société que sont les « grands mobiles », ces individus qui passent beaucoup de temps dans les transports à cause de leur travail. La recherche JobMob estime qu’environ la moitié de la population traversera, à un moment de son existence, ce mode de vie « des grands mobiles », à savoir plus de 2h dans les transports par jour.


Les « grands mobiles » le sont en général, non par choix, au sens où ils voudraient vivre de cette façon, mais le plus souvent, car cette grande ou hyper-mobilité leur permet de concilier leur vie privée et leur vie professionnelle. Certains peuvent ainsi « prendre » un emploi loin de chez eux, tout en évitant de déménager toute la famille. Les travailleurs itinérants comme les infirmières libérales, les artisans ou les commerciaux, passent beaucoup de temps dans les transports pour se rendre de lieu en lieu, de patient en patient, d’un client à l’autre. Le livreur, le conducteur de train et le facteur, ont évidemment une journée « mue et remplie » par les transports.
Que deviendront ces « grands mobiles » dans la vie robomobile ? Est-ce que le gain potentiel de temps, de confort, d’argent changera leur vie ? Ou paradoxalement, la robomobilité ne serait-elle pas qu’un moyen pour faire perdurer un système social d’injonction à la mobilité permanente ? Une alternative robomobile émerge, entre d’une part, une réponse technico-économique qui confirme le rôle de la mobilité en tant qu’alliance des contraires (vivre et travailler dans des lieux très éloignés, en « faire plus » dans une seule et même journée) ; et d’autre part, une robomobilité à modeler pour rendre les clés du temps aux individus, une occasion pour questionner et inventer de « nouvelles temporalités » pour les territoires.
