Sûreté dans les transports
La sûreté des transports est l’ensemble des actions entreprises pour assurer la protection du patrimoine des entreprises
qu’elles assurent le transport par voie routière, par voie fluviale ou ferroviaire, ainsi que la protection de leur personnel et des marchandises transportées contre les actes illicites que sont les violences, les vols, les déprédations ainsi que l’utilisation abusive de la chaîne logistique pour transporter frauduleusement des matières, des équipements ou des êtres humains.
Les applications potentielles des STI sur cette thématique touchent plusieurs domaines et l’ensemble des modes. Tant la sûreté de la chaîne logistique que celles des transports de matières dangereuses ou de passagers offrent des champs d’utilisation des STI pour réduire les risques. Les principales fonctions utiles sont liées aux capteurs, à la diffusion d’information et à la localisation.
Trois grands domaines de la sûreté sont particulièrement concernés par les STI :
1. Sûreté de la chaine logistique
Elle prend en compte des menaces externes et internes :
- Les menaces externes sont classiquement le vol de marchandise et/ou de véhicules et les agressions de conducteurs.
- Les menaces internes concernent le détournement de la chaine logistique au profit de trafics divers et d’activités illégales : contrebande, immigration clandestine, contrefaçons ou encore terrorisme.
Face à chacune de ces menaces les STI peuvent contribuer à réduire les risques. Elle doit aussi s’inscrire dans la cohérence et la continuité des réglementations douanières internationales et des lois spécifiques sur l’immigration clandestine.
Plusieurs axes sont proposés :
- Les applications du LAPI (lecture automatique de plaques d’immatriculation) au domaine de la sûreté
- La démarche du Guide de la banque mondiale
- La normalisation dans le domaine de la sûreté et les initiatives privées : TAPA EMEA
- Les outils de la sûreté : les scellés, la géolocalisation et les parkings sécurisés
2. Sûreté du transport de passagers
Ce sont surtout les questions d’agression ou de terrorisme qui seront abordées. Le développement continu et permanent de la vidéosurveillance et de la géolocalisation (outils de la sûreté) constitue un exemple évident de l’apport des nouvelles technologies à la sûreté.
3. Sûreté du transport de matières dangereuses
Les véhicules ou autres moyens permettant le transport de matières dangereuses peuvent être détournés, pour organiser un attentat par exemple. En premier lieu, il s’agit donc de localiser rapidement les chargements pour pouvoir intervenir. Les STI sont une aide en ce sens. L’ensemble des éléments décrits précédemment trouvent ici des applications particulières susceptibles d’être imposées par les règlements dans l’avenir.
Les outils de la sûreté
Les scellés
Les scellés ont beaucoup évolué. Hier purement mécaniques et dévolus au contrôle durant le transport et a posteriori de l’intégrité du chargement, ils ont évolué en intégrant les possibilités nouvelles offertes par les nouvelles technologies et la miniaturisation.
Dès aujourd’hui, ou à court terme, ils pourront intégrer des capacités d’enregistrement d’évènements et même agir comme des capteurs d’alarmes. Dans les visions les plus évoluées, les scellés sont associés à différents types de capteurs permettant de contrôler les condition sde transport de la marchandises mais aussi de la sécuriser.
La géolocalisation
Les techniques de géolocalisation des véhicules ou des conteneurs, voire d’unité de transport plus restreinte lorsque la valeur transportée sur ces unités le justifie permettent de localiser ces contenants rapidement en cas de vol. Les unités de réception-émission qui devront être dissimulées seront de plus en plus petites et donc facilement dissimulées.
Même si aujourd’hui de telles techniques ne se justifient que pour les marchandises les plus chères ou pour les matières dangereuses, cette situation va évoluer et, comme les caméras sont devenues incontournables dans les véhicules de transport en commun, la géolocalisation le sera demain pour le fret.
De plus, le développement des péages routiers pour les PL va déboucher sur l’installation d’un réseau de capteurs qui pourront aussi servir de base à la localisation des véhicules ou des marchandises, pourvu que cette fonctionnalité soit intégrée au cahier des charges.
Ces techniques ont aussi une utilité dans le suivi du véhicule par rapport à l’itinéraire initialement décidé, de manière à identifier rapidement les déviations et à pouvoir apporter au conducteur les données de sécurité sur son nouvel environnement (choix d’itinéraire futurs, choix de lieu de repos...).
Les parkings sécurisés
Les parkings sécurisés ne sont pas en soi des technologies innovantes. C’est le mode de gestion et de réservation des places à distance qui pourra s’appuyer sur de telles techniques. Les outils de télématiques modernes relieront le véhicule routier à un ensemble de serveurs permettant de lui délivrer des services variés en temps réel.
La réservation des places dans les parkings sécurisés en s’appuyant sur des techniques de calcul d’itinéraires devra permettre de choisir, entre plusieurs itinéraires possibles, celui qui garantira l’accès à des places, en n’ayant pas à payer pour des réservation non utilisées et en optimisant le remplissage de ces aires de service. Un réseau intelligent intégrant la géolocalisation reliera demain les véhicules aux serveurs.
Le guide de la banque mondiale
La division Transport de la Banque Mondiale a lancé une étude en 2005 sur les conséquences économique de la mise en place du code ISPS [1] dans les ports et pour les navires.
Le rapport final fut publié en 2008.
Cette étude a mis en évidence le fait que si les objectifs et prescriptions du code ISPS étaient bien connues, il n’en allait pas de même de la sûreté de la chaine logistique dont ce code est l’un des composants. C’est pourquoi la Banque mondiale s’est lancée dans la rédaction d’un guide sur la sûreté de la chaine logistique de manière à en fournir une présentation claire et compréhensible de ses acteurs.
Il dresse un panorama, par région, des programmes de sécurisation de la chaine logistique, volontaires ou obligatoires. Ces programmes sont essentiellement douaniers et se posent donc la question de la reconnaissance mutuelle par exemple entre le C-TPAT [2] américain et les opérateurs économiques autorisés (AEO) européens.
Dans une seconde partie il présente les principales technologies utilisées ou en cours de développement, qu’il s’agisse de scellés, de géolocalisation ou de systèmes d’inspection. Ces documents sont disponibles auprès de la Banque Mondiale
[1] Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires : ce code est en vigueur depuis juillet 2004 sur tous les navires. Il est issu de la volonté d’établir une procédure internationale sur la sûreté des installations portuaire et des navires suite aux attentats du 11 Septembre 2001. Ce sont les États-Unis qui ont proposé la création de ce code.
[2] Le Customs-Trade Partnership Against Terrorism (C-TPAT) est un programme de sécurité des échanges commerciaux douaniers. Il prend la forme d’une certification volontaire, par laquelle tous les participants de la chaîne d’approvisionnement coopèrent avec la douane américaine (CBP), dans l’élaboration de méthodes sécuritaires pour chacune des phases de leurs opérations, répondant ainsi aux préoccupations de sécurité contre l’introduction d’armes, de drogue, d’argent comptant ou de personnes ’terroristes’, à l’importation de marchandises aux États-Unis. Ce programme a été lancé suite aux attaques du 11 Septembre 2001 sur le territoire américain.
La vidéo surveillance
Depuis une dizaine d’année la vidéo surveillance s’est développée et a fait ses preuves dans un grand nombre de situations.
Elle constitue aujourd’hui un outil, parmi d’autres, au service de la sécurité. L’objectif principal est de protéger plutôt que de surveiller, ceci a été reconnu dans l’évolution de la terminologie qui utilise maintenant le terme de vidéoprotection.
Le gouvernement a mis en place un comité de pilotage stratégique pour le développement de la vidéoprotection qui a établi un guide à l’usage des maîtres d’ouvrages pour les aider à intégrer cet outil dans leurs projets. Ce guide, édité par la documentation française, est aussi téléchargeable gratuitement sur le site du comité.
Un programme de développement de cet outil a été lancé et, pour conduire ce programme, un comité de pilotage interministériel a été mis en place dont les membres ont reçu pour instruction d’animer l’action des services de l’Etat pour faciliter le développement souhaité et de se tenir à disposition de tous les acteurs à cette fin. Dans le même temps, une commission nationale de la vidéosurveillance, chargée notamment de conseiller le Ministre de l’Intérieur et de veiller au respect de l’éthique, a été installée.
La sûreté du transport de matières dangereuses
Les véhicules ou autres moyens permettant le transport de matières dangereuses (TMD) peuvent être détournés, pour organiser un attentat par exemple.
Assurer la sûreté des TMD consiste donc à prévenir le vol ou le détournement de précurseurs chimiques que des terroristes pourraient utiliser dans des dispositifs explosifs, prévenir le vol de poison qui pourraient être distillés dans un lieu densément peuplé etc... Il faut bien rappeler que le niveau de sûreté de la chaine logistique est celui de son acteur le plus faible.
Les progrès technologiques notamment les STI peuvent faciliter la localisation des chargements, voire la prise en compte de l’évolution des risques afin de garantir des niveaux de sûreté satisfaisants dans un environnement opérationnel.
Bien que soumis à une importante législation internationale qui incite les professionnels à tenir des propos rassurants, un certain nombre de dispositions seraient encore souhaitables pour les TMD et pourraient être concrétisées grâce à la mise en œuvre de STI. Ceux-ci pourraient permettre :
- le recours instantané aux forces de l’ordre en signalant tout vol ou tentative de pénétration dans un véhicule
- la création d’un centre de référence contre la malveillance affectant les TMD qui centraliserait les alertes, coordonnerait l’action des forces d’intervention et communiquerait avec les autres centres opérationnels nationaux et européens en permettant au chauffeur de se voir répondre dans sa langue, l’objectif étant de pouvoir disposer d’une plateforme européenne de suivi des TMD en mesure de diffuser une alerte permettant leur suivi en temps réel et une alerte immédiate
- la programmation par télédéclaration d’une déclaration d’entrée sur le territoire des produits à risque
- la réservation d’une place dans un parking sécurisé au fur et à mesure du déplacement du véhicule
- pour les entreprises ferroviaires, d’écourter le plus possible le stationnement des convois dans les gares de triage ou les faisceaux relais, notamment à proximité des grandes agglomérations
- de définir des systèmes retardant le vol en précisant la résistance ou la transmission de l’alerte dans un délai donné.