Partage et protection des données
L’information est l’élément fondamental de tout système d’information
- qu’elle soit apportée en entrée par un recueil propre au système ou issues d’autres systèmes,
- ou, après traitement par le système, exportée et échangée vers d’autres systèmes.
Les questions du partage de données en vue de création de nouveaux services, et de leur propriété, de leur conservation et de leur réutilisation sont donc au coeur de des enjeux d’efficacité et d’interopérabilités des ITS.
Propriété, conservation et réutilisation des données
Ré-emploi des données et interopérabilité des systèmes
L’interopérabilité des STI suppute la possibilité d’échanger des données exploitables par le système destinataire dans le cadre de procédures coordonnées (la donnée doit être compréhensible et arriver au bon moment), collaboratives (échanges en temps réel avec interaction possible), et éventuellement sur des solutions mutualisées (billettique interopérable – mêmes supports, mêmes bornes, voire mêmes équipes).
Plusieurs conditions doivent être respectées pour cette utilisation des données entrantes par plusieurs systèmes ou la ré-utilisation des données : elles peuvent être techniques, contractuelles, mais sont aussi encadrées par la loi.
Modalités de réutilisation des données Conditions de ré-emploi des données :
Aspects techniques : Les partenaires doivent s’entendre à la fois sur des formats et profils d’échanges, sur la qualité, et sur la mise à jour et le temps de mise à disposition des données. Ils pourront s’entendre sur les vecteurs de communication pour des échanges fiables, en mode normal ou dégradé.
Les formats et profils d’échanges, mais aussi les vecteurs de communication peuvent être portées par des normes (cf. article normes). Les travaux de normalisation sur les échanges de données contribuent à faire que les différents acteurs s’entendent sur un vocabulaire (dictionnaire commun), et sur des normes d’échanges basées par exemple sur DATEX II dans le domaine de la route, TRANSMODEL, IFOPT, NEPTUNE pour les transports publics, UN-CEFACT pour le fret…
De manière générale, on peut ainsi identifier l’intérêt d’imposer aux données des exigences concernant la conformité à des normes ET d’imposer des exigences de qualité.
On constate en pratique dans le cas des SIM que ces deux notions justifient la production d’un référentiel national de qualité dans le domaine des transport. L’AFIMB se donne pour objectif de produire un tel document en s’appuyant sur un groupe de travail et un ensemble de parties prenantes.
La disponibilité d’un outil opérationnel est également nécessaire, afin de tester les exigences qui auront pu être définies dans le référentiel.
Aspect juridiques : La réutilisation des données transports constitue une problématique à part entière et soulève de nombreuses interrogations.
Au niveau des informations publiques, les dispositions de la loi du 17 juillet 1978 (complétée par la directive européenne de 2003) donne un cadrage juridique général en France. L’article 1 de cette loi précise les personnes publiques qui sont visées, à savoir : l’Etat, les Collectivités Territoriales, les personnes de droit public ou privés, qui produisent ou reçoivent des données dans le cadre d’une mission de service public. L’article 10 définit lui un droit de réutilisation des informations publiques en France.
Des exclusions sont toutefois à relever : les informations publiques produites ou reçues dans le cadre d’une mission de service public à caractère industriel et commercial est hors-périmètre de la loi. Les échanges de données entre personnes publiques (au sens de l’article) ne constituent pas non plus une réutilisation.
Dans le domaine des transports, quelques questions se posent ainsi : les données d’un SIM constituent-elles des informations publiques au sens de la loi de 1978 ? les informations en temps réel d’un opérateur de transport sont-elle réutilisables de droit ? les horaires de la SNCF (pour les grandes lignes) peuvent-elles être collectés par des autorités organisatrices en vue d’un SIM ?
L’AFIMB a mis en place un groupe de travail afin d’examiner ces différentes questions.
Note : dans le domaine de la réutilisation des données publiques, on pourra bien sûr également noter un certain nombre de dispositions prévues par la directive Inspire dans le domaine géographique. Des dispositions en vue de services de recherche, visualisation, téléchargement sont notamment définies. Les échanges entre autorités publiques sont également dans le champ de la directive.
Partage des données et création de nouveaux services
Les ITS, par essence systèmes d’information, utilisent pour offrir leurs services des données élaborées sur la base des informations
- soit reçues du milieu extérieur (capteurs),
- soit mises à disposition par d’autres services partenaires avec alors des conventions relatives à la mise à disposition des données avec engagement sur la mise à jour, le temps de mise à disposition (temps réel ?), la qualité et le respect de formats d’échange,
- soit issues de plate-forme de partage,
- soit récupérées, en particulier sur la toile, auprès de réseaux sociaux.
Création de nouveaux services
A l’issue de leur traitement, les données diffusées par les ITS peuvent être ré-utilisées par d’autres pour compléter, améliorer ou étendre leurs services ou en offrir de nouveaux. On pense :
- à la mise en place d’observatoires de l’offre et de la demande de déplacement,
- aux systèmes d’information multimodaux (concernant plusieurs AOT et opérateurs de transports), ou à la billettique interopérable ;
- à la gestion multimodale de déplacement avec partage de stratégies d’exploitation sur les réseaux de transports d’une aire urbaine,
- ou à la proposition de nouveaux services tels que les proposent les services dits 2.0 pour développer des services adaptés à la demande (Transport à la Demande, covoiturage, mise en relation d’individus ou/et d’entreprises…).
Les réseaux sociaux : une source d’information pour les usagers et les gestionnaires
Les réseaux sociaux sont de véritables moyens de diffusion de l’information.
Leur popularité auprès d’une population plutôt jeune, active et mobile en fait un média de communication tout aussi important que la radio ou la télévision. D’après l’enquête de juin 2015 du CREDOC sur les « conditions de vie et les Aspirations », 52 % des Français de 12 ans et plus sont membres d’un réseau social.
S’informer sur les réseaux sociaux
D’après cette même étude, les réseaux sociaux sont de plus en plus sollicités pour s’informer de l’actualité. Plusieurs gestionnaires, organismes d’info-trafic, exploitants et autorités organisatrices de transports en commun utilisent les réseaux sociaux dans leur communication. Plusieurs gestionnaires ont ouvert leur page Twitter ou Facebook, comme Vinci autoroutes, Sytadin, Coraly, TCL, RATP, etc. En plus des pages officielles, des pages de passionnés se sont créées où s’échangent les informations et les bons tuyaux. Le fonctionnement de ces pages est basé sur l’esprit de communauté. Le territoire ciblé est réduit à une zone géographique avec beaucoup de déplacements réguliers comme le domicile-travail (une agglomération, un réseau de transport en commun, une ligne de transport en commun, un département, etc). Ces pages sont généralement plus actives que les pages officielles grâce à la participation des membres. Toutefois elle manque par moment de conseils avisés ou d’informations certifiées par des spécialistes. Il est à noter que l’info-trafic via les réseaux sociaux encouragent une utilisation du téléphone par le conducteur, ce qui est contraire au principe de sécurité routière. Ce moyen est par contre tout à fait adapté au transport en commun.
Les réseaux sociaux : une source de donnée
Les réseaux sociaux sont une véritable mine d’information pour les organismes de transport : on y repère les événements (bouchons, accidents, panne, etc) mais également la satisfaction des usagers. À l’aide de logiciel, il est possible de détecter et qualifier ces informations. C’est le cas du logiciel NextAlert, de la société Nextérité, qui a extrait de Twitter les messages à propos de perturbations sur le réseau de transport public en région parisienne. Les résultats sont présentés sur une carte animée sur un an, une « météo des transports en commun franciliens » sur la semaine, mais également en temps réel.
Illustration : Carte des perturbations sur 12 mois du réseau de transport public en région parisienne : http://www.nexterite.com/fr/carte-a...
Pour la gestion des situations de crise
En situation de crise, les médias sociaux ont leur place pour assister les gestionnaires de crise. Le sigle MSGU, pour Médias sociaux en gestion d’urgence, désigne la démarche permettant de tirer profit, pour la gestion d’événements majeurs, des médias sociaux en situation d’urgence. Il s’agit de volontaires qui extraient des réseaux sociaux des informations pour les gestionnaires de crise. Depuis septembre 2014, le service d’information gouvernementale (SIG) a engagé une réflexion avec l’association VISOV, Volontaires Internationaux en Soutien Opérationnel Virtuel, pour intégrer l’approche MSGU à la communication gouvernementale et préfectorale. L’association VISOV développe le concept, les méthodes et les outils permettant de faire fonctionner une ESOV (Équipe de Soutien Opérationnel Virtuel ou VOST pour Virtual Operations Support Team). Pendant les intempéries d’octobre 2014 dans le sud de la France, elle a contribué à la synthèse d’information en réalisant notamment une carte des routes coupées : http://umap.openstreetmap.fr/fr/map....
Pour aller plus loin sur la thématique Médias sociaux en gestion d’urgence (MSGU) :
Médias sociaux pour la gestion d’urgence : comment intégrer la démarche dans les services d’urgence ?, la note de l’IFRASEC, janvier 2015, écrite par Frédéric Séguret, Gilles Martin, et Ludovic Blay (membres de l’association VISOV) : http://www.ifrasec.org/wp-content/u...
Site du gouvernement français, bonnes pratiques numériques en situation d’urgence et infographies sur le MSGU : http://www.risques.gouv.fr/risques-...
Blog SIGLab du service d’information du gouvernement (SIG) français : http://www.siglab.fr/fr/les-msgu-en...
Site internet de l’association VISOV : http://www.visov.org